Apple prépare une Siri très différente de celle que vous connaissez, une assistante qui comprendra le contexte, se souviendra des conversations et sera capable de coordonner des tâches entre les applications sans perdre le fil. Dans les coulisses, la société a mis en place un environnement de test avec une application de style ChatGPT qui ne verra pas le jour publiquement, mais qui sert à valider la nouvelle architecture, peaufiner les fonctions et mesurer si un format conversationnel traditionnel apporte de la valeur. Pouvez-vous imaginer reprendre un plan de voyage quelques jours plus tard et que Siri se rappelle de chaque détail sans avoir à tout répéter ?
Un banc d’essai secret pour la nouvelle Siri
Le laboratoire d’Apple n’est pas un chatbot pour les consommateurs, mais un outil interne avec lequel les équipes expérimentent une Siri plus consciente du contexte et capable d’agir en chaîne entre les applications. L’idée est que vous puissiez, par exemple, rassembler une liste de courses dans Notes, réserver une fenêtre de livraison dans votre application de shopping et placer des rappels dans le calendrier, le tout dans une même conversation et sans rompre le flux. De plus, cette conversation peut se maintenir dans le temps, conserver l’historique et permettre des relances connectées entre elles, en passant même de l’iPhone au Mac sans perdre la continuité.
Cette approche ne vise pas seulement des échanges plus naturels, mais à habiliter des flux de travail intelligents qui réduisent les allers-retours entre applications. L’application interne permet de gérer plusieurs fils, stocker et référencer des chats antérieurs et soutenir des échanges prolongés pour des tâches complexes, comme planifier un voyage et le modifier quelques jours plus tard. Parallèlement, Apple teste différents modèles de langage, depuis des options d’OpenAI et Anthropic jusqu’à des variantes de Google Gemini, tout en validant ses propres modèles pour préserver la vie privée lorsque l’assistant doit rechercher des données de l’utilisateur sur l’appareil.
Architecture 2.0 et un moteur de réponses
Le changement va au-delà de « mettre un LLM » devant : Apple a décidé de refaire Siri depuis la base car l’architecture originale était insuffisante pour gérer le contexte, les conversations longues et l’intégration profonde avec les apps. Cette deuxième génération s’appuie sur des grands modèles de langage pour gérer le dialogue, maintenir une mémoire à long terme et orchestrer des actions. En fait, la société construit en interne un système appelé World Knowledge Answers, un véritable moteur de réponses capable de combiner texte, photos, vidéos et points d’intérêt, et de résumer les résultats de recherche pour offrir une synthèse claire et exploitable.
Ce moteur correspond à l’ambition de faire de Siri, Safari et Spotlight des points d’entrée vers une couche de recherche plus intelligente. Plutôt que de se limiter à des minuteries ou des commandes basiques, l’assistant pourra traiter des questions complexes et renvoyer des réponses utiles en un seul endroit, un mouvement qui le place face à des propositions comme les AI Overviews de Google ou des outils du type Perplexity. Le résultat attendu ? Des conversations continues, des réponses plus humaines et des tâches enchaînées qui se sentent natives dans l’écosystème, rappelant ce saut de qualité que l’on expérimente quand une fonction s’intègre vraiment au système au lieu de fonctionner comme un ajout externe.
Partenariats, confidentialité et le calendrier maîtrisé par Apple
Apple opte pour une approche pragmatique : combiner différents fournisseurs pour accélérer sans céder le contrôle de l’expérience. Selon les informations, la société a eu des discussions avec Anthropic, OpenAI et Google, et teste même un modèle Gemini personnalisé sous accord pour renforcer certaines capacités de Siri, tout en évaluant ses propres modèles pour les fonctions de planification et en utilisant ses Foundation Models pour rechercher des données personnelles localement, en gardant les informations sensibles à la maison. C’est l’équilibre entre puissance et confidentialité que de nombreux utilisateurs attendent du fabricant.
En ce qui concerne les délais, la feuille de route indique que la version avec LLM arriverait début 2026, possiblement dans le cadre d’une mise à jour de type iOS 26.4 prévue pour mars. Avant cela, à la fin de l’année prochaine, Apple prévoit de présenter un nouvel aspect de Siri avec une allure plus humaine, inspirée du logo du Finder du Mac, et plus tard, déjà en 2026, une autre rénovation visuelle arriverait accompagnée d’une fonction santé intégrée qui servirait de base pour un service de bien-être payant. Parallèlement, la société aurait écarté le lancement d’une application de chatbot indépendante pour se concentrer sur l’intégration de l’IA dans ses couches de recherche natives, bien qu’elle continue à vérifier — avec ce banc d’essai — si une fenêtre de chat classique a sa place dans l’expérience.
Le calendrier peut sembler conservateur face à des concurrents qui lancent des nouveautés mensuellement, mais cette marge leur permet d’affiner pour que tout paraisse organique et cohérent avec iOS et macOS. Chez ActualApp, nous le voyons comme le passage du « mode basique » au « mode turbo » : une Siri avec mémoire, contexte et mains dans les apps, évaluée avec des technologies comme ChatGPT et Google Gemini, et conçue pour s’intégrer dans tous les recoins du système. Si vous vivez dans l’écosystème Apple, cela ressemble au plus grand saut de l’assistant depuis sa naissance ; la question est de savoir s’ils parviendront à conserver leur marque de confidentialité et cette intégration impeccable tout en rattrapant la capacité des concurrents.
